Recette de cuisine au petit VFour (3☆ au guide TT Dunlop)

Eh, les gars (n´ai pas vu de filles ?), n´hésitez pas à commenter textes et photos. Sinon je ne pourrai pas m´améliorer. Et je risque de penser que je parle au firmament. Ca me rappelle un poster de 1979 : un mec posé debout, tout seul, sur une petite planète Terre, perdue dans le noir infini du ciel, et qui crie vers l´infini, les mains en porte voix :
Y´A QUELQU'UN????

... et pis une autre du même tonneau :
Un jeune gugusse couché-ventousé sur son Malagutti en pot de détente (ou son NC30 en pot carbone Yamamoto) les bracelets sous le té inférieur, avec une bulle (phylactère pour les linguistes) énorme qui sort du pot et qui ne gueule pas : Brôôôââ!!!!
Mais :
" J´EXIIIIISTE!!!!"

on se régale de ce récit , avec les photos d'époque, on en redemande

Bon. Toujours au chapitre 3 CB93. Un sorcier mon frère Adco. Sûrement. Capable de recoller à 17 ans, à l´araldite faute de mieux, un guide de soupape baladeur. Osé... et pas bon. Ça fait du crumble piston-soupape. Heureusement que les chambres de combustion étaient en fonte rapportée! Mais il faut tester pour apprendre.
Capable aussi, quelques années plus tard´adapter efficacement une boite racing de 3 et 1/2 dans des carters de 4 et 1/2 avec entraxe différent. Ou de s'attirer les félicitations d'Augereau lui-même, dans sa propre définition de retaille d'arbres à cames. Etc. Ses exploits mécaniques, avec peu d´outils, et une formation auto-administrée, sont réels et multiples.

Sorcier, digne neveu de ma tante (vous savez, celle de 94 ans,) car capable de retrouver, sans chercher, dans son pneu, en crevant au retour d´un trajet de 11 kms, le petit triangle pointu en tôle avec lequel il avait calé le repose pied passager et qui s´était barré a l'aller.
Essayez pour voir, même avec un truc mahousse, de retrouver sur la route ou l´accotement ce que vous avez perdu en roulant 10 kms, et vous pourrez me dire que mon frère n'est pas un sorcier... si vous y parvenez....

Allez, je vous sens dissipés. On va clore le chapitre 3. Et revenir a ma tante sorcière dans un bref chapitre 4... demain.

La 93 et SL côte àcôte, en 78. La réalité est qu´en 45 ans, on a roulé très peu ensemble : quand la moto de l´un pétait le feu, celle de l´autre pleurait misère, ou bien c´était l´épanchement de synovie pour excès d´optimisme sur la tenue d´angle du K81, avant que la vie éloigne les destins....

Mais punaise, à l´époque ou Sarron et Léon donnaient le style, quel régal c´etait de raboter les repose pieds bien en ligne sur ka moto, genoux serrés, avec l´impression que les coudes allaient user le bitume....

Chapitre 4 : Wizards!!!

SL m´avait déjà, à peu près en même temps que CB93 et sa crevaison, donné les premiers signes que ma famille, qui a toujours moqué la superstition, carburait pourtant à l´éther de coïncidences.
Si je devais, devenu jeune sexygénaire, lister celles dont j'ai gardé le souvenir tant elles ont été stupéfiantes, j'en remplirais un petit manuel, qui pourrait s'intituler "Une de plus ! Le voir et ne pas y croire".

Là encore ce n'est pas le sujet ; et je ne vais pas vous emplir les cornets acoustiques avec du machi-machou de vieux étonnements, comme on colmate les gicleurs de puits d´aiguille avec du distillat de vieille essence...
Juste le souvenir, brut, avant de parler de CB250 et de ma tante :
En 1978, SL et CB93 en tandem, après 10 kms à fond sur notre route limousine préférée, toute en virolos, avec un grip granitique auquel les pneus ne resistaient guère plus de 3000 kms, je lance à Adco : j´ai l'impression que je vais claquer le joint de culasse! Comme si on claquait le joint de culasse sur un mono "125" refroidi par air! Eh bien si. Au retour, bingo : joint de culasse out.... Avec le recul... j'avais quand-même un sacré taux de compression en ayant augmenté la cylindrée de 40% sans toucher à la chambre de combustion. Donc cette parole était, finalement, une crainte rationnelle, voire la perception subtile d´une anomalie mécanique en cours, plutôt qu´une prémonition.
Bien sûr...
Sauf qu'il y en a eu vraiment beaucoup de ces coïncidences, dans ma vie, et pas seulement mécaniques.
Au point que l´une d´elles m´a (peut-être) sauvé la vie en 1992, avec CBR 900, lorsqu´une bielle indisciplinée a traversé le carter en vidant son contenu, plutôt gras, sur le pneu arrière. Mais on en reparlera lorsqu'il sera question de Fireblade ....

1er janvier 1979.
Depuis 8 jours, Adco et moi nous donnons une nouvelle vie à la pauvre CB 250 décatie ramenée par la route de Paris, en priant le ciel durant 350 km d'arriver.
Adieu le réservoir brun orangé à virgules noires... totalement cabossé. Adieu selle déchirée, garde-boue en ferraille, repose-pieds montés sur barre-à=mine, kick et pédale de frein du même tonneau ; démarreur et filtre à air, pots chromés en fonte : il faut alléger le mulet si on veut qu'il puisse allonger la foulée!
Bienvenue aux bracelets, au 2 en 1 minimaliste et au poly selle réservoir d´occasion, rouge vermillon de bout en bout : pour une nouvelle peinture, on s'en occupera plus tard.
Gicleurs : plus 10 points. Quant aux commandes reculées, la première sortie se contentera provisoirement d´un selecteur retourné et des repose-pieds passager. Le frein arrière attendra sa pédale, de toutes façons, une moto c´est avec le frein avant qu'on l'arrête, non ?
Et puis ce câble d'accélérateur qui coince un peu, on s´en chargera après...
L'essentiel est là, le moteur tourne rond et prend ses tours
Une quinzaine de kilos ont été ôtés ; le réservoir est plein de 13l de super. Et la silhouette générale est plutôt plaisante maintenant.

Voilà qu'au moment de partir s´arsouiller gentiment avec Adco, passe ma tante. 50 ans. Prof. Célibataire. Ni manuelle, ni motarde, ni mécanicienne, la question que je lui pose est donc idiote :
"alors, que penses-tu de ma nouvelle bécane?"
Sa réponse fuse :
"oh, cette moto, un véritable incendie!"!

10mn et 3kms plus tard, à l'entrée d´un virage, à la vitesse folle de 100 à l´heure, freinage énergique de l´avant, prise d´angle, débrayage, rétrogradage, coup de gaz, embrayage...
Et l'arrière qui part à l´équerre, parce que la poignée d´accélérateur est restée coincée et que la folle cavalerie déchaînée sur la roue arrière n'est pas limitée par le frein absent. Bref : boum!
Et alors que je glisse sur le bitume déjà 10 mètres en arrière de la moto, puis culbute après avoir stupidement tendu les mains pour m´arrêter, je vois devant moi un magnifique incendie qui embrase la moto.

Croyez-moi, 13 litres de super et une moto ça brûle très bien, avec des flammes de plus de 10m... longtemps.

En 1h il n'est passé personne. La moto a fini par s'éteindre. Tout avait cramé, sauf le joli bouchon de réservoir chromé, qui s´était décollé dans la chute.
Les aluminiums (carbus, tambours, fourche, sauf les carters moteur et la culasse) avaient fondu!

"Cette moto? UN VÉRITABLE INCENDIE"....
Une sorcière, donc.

Alors vite, une autre moto....
La CB 450 bicylindre double arbre me consolera !
....
Je l'ai toujours, 44 ans après. Quoique méconnaissable.
Et Adco m´a rapidement emboîté le pas.
Deux 4 et demi à découvrir et métamorphoser.... et quelle métamorphose!!!

On en fait un chapitre 5?

Chapitre 5 - Don d´organes

De profundis : CB250 fut une comète flamboyante dans mon histoire motocycliste.
Je conviens que comète .... ne convient guère à ses performances. Mais pour ce qui est du feu d'artifices, je n´ai pas trouvé mieux depuis.

Et puis elle a survécu en donnant son brave petit moteur indestructible à mon futur beau-frère, renforçant avec ses moyens modestes les liens familiaux créés par CB93. Ce qui m´a, quelques décennies plus tard, conduit à NC30...
Confucius a dit :
"Rien n'est sans conséquence, en conséquence rien n'est gratuit".
C'est ce que l'on appelle parfois l'effet papillon : un battement d'ailes de papillon au Japon, où sont nées nos VFR, peut contribuer à déclencher un typhon à la Nouvelle Orléans. Orléans, où ont vécu ma soeur et mon beau-frère. Par le fils desquels je suis venu un jour à NC30....
Clair?
Non?
Alors je vous explique. Accrochez vous au pilote, ça tourne un peu. Et comme on est sur circuit, on repasse plein de fois au même endroit..

En 1979 il n´y avait que 2 motards en France pour s'intéresser encore à la CB93, pour en posséder une, pour savoir qu´elle existait avant les CB 125 K, a fortiori pour savoir que Honda avait fabriqué un racing Kit vilo à 180°/Arbre à cames/boîte de vitesses, pour la mettre sur circuit..
L'un était Adco. (Mon frère, pour ceux qui se seraient égarés).
L´autre allait plus tard épouser notre sœur (Mon futur beau-frère donc, pour ceux qui se seraient endormis).

Leur fils serait motard. Viendrait un jour avec nous, d´abord en Amigo, au rendez-vous annuel au circuit de la Châtre, et finirait par tomber sous le charme de NC30. Qu´aujourd'hui, à 32 ans, entre 2 séjours sur les plateformes pétrolières au large de l´Afrique, il manie fort bien au circuit de la Châtre!

Et contre ce virus là, nommé NC30, on ne m´a pas vacciné malgré mes 60 piges : alors, cas contact, grosse fièvre et ....

Donc c´est CB93 qui a choisi notre futur beau-frère : un musicien, fils de chef d´orchestre symphonique de renom et lui même futur chef d´orchestre . Question oreille et métronome, on ne fait pas mieux pour juger la mélodie d'une mécanique, même si elle ne vient pas de la marque aux 3 diapasons, non?

De sorte que ces 2 là, Adco et le susnommé, se sont - inévitablement - rencontrés à la Bastille un vendredi soir (c'était le rendez-vous hebdomadaire des motards parisiens en ces temps-là) après une petite annonce par LVM sur CB93

Je résume et ce n´est pas sorcier : CB 250 a donné ses organes (son brave petit moteur qui avait résisté à l'incendie) à mon futur beau-frère. Dont le fils a une NC30. Qui m´a contaminé au virus.

Dit autrement : c'est à cause de CB93 que j'ai eu ce beau frère, à cause de ce beau-frère que j´ai eu son fils pour neveu, lequel remonte au passage une SL, et à cause de ce neveu que j´ai vu NC30 à l'œuvre sur le circuit de la Châtre .... ce qui m'a décidé à en chercher une, et en acheter 2.

Drapeau à damiers. Vous êtes arrivés.

A ceci près que le chapitre 5 n´a pas parlé de 4 1/2 comme annoncé. Mais que vous n´y couperez pas...
Et que mon beau-frère ne roule pas sur circuit avec CB93 mais avec CB77, la "grosse" Honda 305 cc bicylindre, qui a précédé les CB 450, puis 350 (cette dernière toujours vaillante et encore étonnante au TT dans sa catégorie, après que les Britons n´ont cessé d'optimiser son moteur, pas bien joli, mais très rationnel, léger et solide, avec une chambre de combustion plutôt moderne et efficace)

CB 77 305cc
Mais pas sûr que ce voyage décousu, de branche en branche d´arbre généalogique, intéresse les membres du club VFR. Dites moi si j'ai gardé quelques lecteurs ou si je dois rendre l'antenne....

toujours la
et toujours en attente de la suite

N´y en aurait-il plus qu'un, tel Loth voulant sauver Gomorrhe, je me dois au Créateur de nos petites merveilles, et à mon honorable public ...

je suis l'arbre qui cache la foret

Tu peux continuer

Chapitre 6 : 175 + 250 = 450, ou à peu près...

La quatre et demie DOHC à rappel de soupapes par barres de torsion... une gueule ce moteur! Même 57 ans après sa sortie, quelle beauté!

Et un rêve désormais accessible à un jeune motard pas fortuné, doté de son permis A, en 1979.

Car à la réputation de fougue de la "Black Bomber" 4 vitesses sortie aux US en 1965 - pas fausse pour une moto de route - s'est peu à peu ajoutée, depuis la version 5 vitesses bien plus diffusée, une réputation de fragilité insurmontable au commun des motards - très réelle.

Elle vient du calage latéral du vilebrequin, qui a une fâcheuse tendance à danser la carmagnole, affectant alors la lubrification du haut moteur, faute d´étanchéité entre l´épurateur centrifuge et le carter qui conduit l'huile, créant une sorte d´hémorragie interne invisible et mortifère pour linguets et cames.
Et cela depuis que le modèle à 5 vitesses a opté pour un montage combinant 4 roulements à rouleaux, censés plus qualitatifs que des roulements à bille, et un serrage des 2 paliers latéraux par la simple fermeture des 2 carters à plan horizontal.
Les 2 problèmes (calage latéral et graissage) sont liés, et déclenchés par l'alignement du vilebrequin : mais qui l´a compris? Personne ne le dit ni ne l´écrit, en tout cas.

La Revue technique se contente de conseiller de surveiller le jeu de la rondelle en bronze de calage latéral... qui prend appui sur la cage extérieure du roulement de vilebrequin droit, laquelle se met précisément à danser la gigue faute d´être bien et durablement étreinte par le carter ; et cela est quasi inévitable après 15.000 kms, au plus, lorsqu´on est tombé sur un moteur dont le vilebrequin, assemblé en usine par emmanchement cranté, n'a pas eu la chance statistique d'être au minimum des tolérances constructeur, données bien étrangement entre pointes, ce qui n´est pas très pertinent.

En d´autres termes, quand les 2 queues (et leurs masses latérales) ne sont pas chacune alignées à zéro par rapport aux 2 masses centrales, ce qui est le plus fréquent, ça vibre trop ; et rapidement le mouvement erratique "fait sa place" en matant le logement du roulement à rouleau latéral, c´est a dire le carter central lui-même. Le vilo n'est alors plus retenu par rien latéralement (le roulement à rouleaux n´entrave pas le jeu latéral) si ce n´est vaguement par l´appui élastique de l´épurateur centrifuge sur le petit carter amovible y donnant accès, qui n'est pas fait pour cela.
Alors ça commence par vibrer trop - mais comment  mesurer ce "trop" qui fâche, dans un twin à 180° sans arbre d´équilibrage? - et puis, un beau jour, l´huile prenant gaillardement la tangente au niveau de l´épurateur plutôt que de monter voir si les 2 ACT on besoin d´elle, et sans avoir enquillé des dizaines de milliers de kms... vos demi linguets convexes sont devenus concaves, les cames sont bleues et la cémentation s'est arrachée, le vilo est ruiné...

Sans s´expliquer ni rien confesser, Honda donnera une brève fin de carrière (après 10 ans de production tout de même) à CB450 en la restylant et la commercialisant 2 ans 2 plus sous le patronyme CB500T.
Une esthétique vraiment aboutie à mon sens avec son réservoir marron glacé à filets or, un peu plus anguleux, et ses pots se terminant en cornets.
On a ainsi abandonné toute allure et velléité "sportives"....
La preuve:  le moteur a été assagi malgré 10% de cylindrée en plus. Course allongée de 7 mm par raccourcissement des bielles, régime moteur maxi baissé en conséquence de 500 tours... et roulements à billes ayant discrètement remplacé les rouleaux, pour retrouver une forme de calage latéral compatible avec les tolérances, sans investissement structurel....

Mais bon, en ce 1er janvier 1979 brûlant encore du feu infernal allumé par ma tante, il n'y a vraiment pas beaucoup de lacunes dans mon ignorance mécanique : donc de tout cela, en parfait néophyte, je n´ai aucune idée, et ne vois que les courbes de la Belle et les promesses de la Bête!

Comme la mode est clairement à plus gros, et surtout avec plus de cylindres (Vous me prendrez bien une CB750 four? Ou au moins une 500 four?), CB450, munie de sa sulfureuse réputation, à laquelle on n´est pas obligé de croire, n´est pas chère en occasion.

Et puis ce n´est pas le style de l´habillage de la "Black bomber" ou de la 500T confidentielle qui m´attirent, mais son moteur DOHC refroidi par air, aux carters et ailettes à tomber raide.

Moteur réputé stupéfiant de fougue en 1965, flirtant avec 10.000 tours ; et moteur calé à 180°, comme CB93 racing!
Pas à 360° comme les Triumph Bonneville et autres Norton Commando, nonobstant le style extérieur de l´imposant moulin bicylindre vertical qui évoque ces grosses anglaises, moins performantes et d´une conception mécanique datée.

Certes, 210 kgs en ordre de marche, c´est un peu trop pour 45CV au vilo. Mais c'est la norme de poids des 4T de l´époque ; et on sait déjà avec Adco comment s´en occuper pour revenir à 170 kgs...

Comme vous avez été patients, je vous joins une photo de CB450 fin 1979, aussitôt après son premier restylage maison, qui sera suivi par d´autres, bien plus structurels et radicaux...

La tenue avec le casque en cuir etc. c´était pour rigoler, pas pour rouler!
Et la bonne taille, c'est quand les 2 pieds posent bien à plat au sol...

Chapitre 7 - Apprentissages....

A 16 ans, Esselle m´a appris la recette de la soupe de pignons au petit piston avec gratinée de soupapes.

A 18 ans, Quatrédemie m´a enseigné la longe de vilebrequin mal ficelée aux linguets d´épine, sur lit de rondelles de saucisson dans le regard mécanique.

C'est comme cela qu´on progressse en cuisine.
N´est pas marmiton toqué qui veut, ni sans douleur, ni sans effort.

Y a t il encore dans la salle des candidats pour s'éclairer à ma chandelle?
Je n'ignore pas à mon âge, presque vénérable, que l´expérience est une bougie NGK B10ES (froide! Pour circuit only) qui éclaire seulement celui qui la tient par le culot, et se prend un méga ch´tard en testant l´allumage sans anti-patate....

Encore, encore!
T'occupes pas des signaux, mets du charbon !

Magpul a écrit:

Encore, encore!
T'occupes pas des signaux, mets du charbon !

tout pareil !!!

Recette de la soupe de pignon au piston.

Prenez un jeune marmiton de 16 ans 7 mois et 22 jours porteur du permis A1, l´autorisant, en 1977, à goûter les vicinales en lacets, à picorer le givre d´avril au petit matin en grelottant un peu, à humer le soir un ballon de fragrances d´étables qui ne connaissent pas encore soja ni ensilage vert, lorsqu´un voisin rentre à la baguette, précédé d´un vieux bâtard indolent, ses belles rouquines à cornes du Limousin.

Un marmiton goulu de vie, qui s´enivre délicatement, lorsqu´il fait orage, à gonfler ses poumons de l´odeur de la terre grasse que les grosses gouttes commencent à mouiller....

Mais l´usage immodéré de la Nationale 20 le ramenant, grisé de joies en cocktail, tout émoustillé de sa première Concentre où il a fait 100m au guidon du 500XT (ouahhhhh!), vient de lui enseigner de ne pas trop chauffer une petite gamelle au feu du 350 Four. Et le voilà maintenant confronté à l´incompréhensible constat que sa cocotte ne monte plus en pression...

Les conditions sont donc réunies pour accueillir la parole du Chef.

Mais son chef, Adco, qui ne manque ni de talent, ni d´imagination ni d´audace, n´a que 2 ans de plus que lui, et à peine quelques mois de cuisine supplémentaires pour viatique.
Il lui dit de commencer par déposer le réchaud pour ensuite ouvrir la cocotte et s´occuper d´en retirer l´odeur de brûlé...
Le marmiton, qui se sait fils de quincaillier et ne rechigne pas à manier les outils, se voit un peu laissé à lui-même, au moment de manier les instruments de l´art culinaire mécanique.
Et il se demande, la première fois qu´il retire le couvercle de sa cocotte à soupape (on appelle cela, entre chefs étoilés, une culasse, mais je ne vous apprends rien) s´il ne va pas voir dégringoler les pignons et les ressorts, comme dans le mécanisme de la vieille pendule qu´il avait un jour osé ouvrir, croyant parvenir à en réparer le ressort à spirale...

C´est vous dire combien le petit marmiton a déjà le goût d'apprendre à cuisiner....
Mais en cuisine, c´est la préparation qui compte.
N´est-ce pas?

Pour l´heure, il avait, voilà peu, acquis avec ses économies la petite casserole d´une SL 125, déjà bien culottée, et la batterie de cuisine qui va avec. Il sait qu'il doit en prendre le plus grand soin, car désormais, c´est SA casserole, et c´est lui l´apprenti sorcier...

Alors, il ose et saute dans l'inconnu....

Vous le suivez?

Interlude (qui se rappelle le petit train?)

La bassine toute remuée par ces souvenirs de confitures de mûres, je nai pas résisté : il faisait beau, encore jour, alors j´ai réveillé NC30 et après l'avoir doucement chauffée, nous sommes allés, elle et moi, en grande tenue de cuir noir, faire chanter son merveilleux organe sur les routes du Périgord oû j'ai posé mes valises il y a 25 ans.

Et pour récompense inattendue, nous avons cheminé, côte à côte, quelques instants, avec un side conduit par un sexa dans mon genre, avec une sorte de pelisse en peau fauve comme sur la photo de 4 et demi, garni d´un p´tit bonhomme qui disparaîssait dans le panier, attelé à un CBX!!!
On a fait, pour les chevreuils et les belettes, une jolie symphonie à 10 cylindres. Et puis on s´est quittés au rond point, devant la station Total vide, sans se parler, à quoi bon? On s´en moquait, on venait, tous les2, tous les 3, de faire le plein des sens....