Bonsoir à tous,
Sans entrer trop dans les détails, j'ai commencé à rouler sur 2 roues il y a ... oooouuuuuhhhh .... un sacré bout de temps sur une vieille mob un peu bidouillée pour aller traîner dans les chemins de campagne. Par chance, dès mes 13 ans j'ai récupéré le vieux Bultaco Lobito 125cc de mon fragin, un peu plus âgé, qui s'était lui, déboutonné pour un 400 SR. Du coup, j'ai fait mes premières armes avec une bande de copains, dans les bois de quelques forêts domaniales ou les ornières boueuses des plateaux picards, sans oublier les carrières désaffectées où les chasseurs - dont certains n'étaient visiblement pas complètement finis - nous foutaient la trouille en tirant quelques cartouches d'intimidation en venant dégommer les lièvres le dimanche matin, habillés en Rambo, prêts à en découdre avec tout ce qui bouge : faisans, sangliers, et j'en passe. On filait comme des voleurs, la peur au ventre, en redoutant de nous prendre du plomb dans les fesses. Nous étions insouciants et tellement heureux sur nos brêles, qui n'avaient pourtant rien de bêtes de course. Mais c'était le bonheur, chacun avec sa meule - un Yam TY 80, un 125 Suz TS, un 50 Fantic Motor kité 75 cc, ... - nous étions les rois du monde. On se prenait pour Drobecq - notre héros local - sur son Husqui, alors qu'on était incapable de faire un saut de plus de 2 mètres pour éviter une ornière. Mais peu importe, tout était là pour nous plaire : avant de partir en vadrouille, on faisait nos mélanges, ça sentait l'essence, on démontait parfois les petits bouilleurs, on avait les mains pleines de cambouis : quel pied ! Et puis les années passent, la bande de copains s'éffrite au gré des parcours scolaires qui divergent. On fait des petits boulots l'été pour mettre des sous de côté. On se contente d'aller aux salons de la moto pour rêver, en attendant ... C'est aussi le moment d'abandonner l'abonnement à Moto Verte pour passer à Moto Journal, et baver devant les "motos de route" comme on disait. Les héros s'appellent Barry Sheene, Kenny Roberts, Freddy Spencer alors qu'Agostini ne court déjà plus, mais demeure le dieu incontesté des circuits. On prend un peu de bouteille, pour enfin atteindre ses 18 ans, un âge synonyme de permis moto ... oui, oui, enfin !!! avec le A3 on peut enfin conduire en toute légalité. J'avais réussi à dénicher un 750 CBK, avec ses 4 pots chromés ... ouaaah ... qu'elle était belle dans sa robe noire et son petit filet rouge discret sur le réservoir. Elle avait coûté un peu moins de 8000 francs ... soit 2 fois moins que l'assurance annuelle qui s'élevait à 16500 francs à l'époque ... un oeil ! Alors, toutes les économies y passent, et on commence ses premières vraies virées, ses premières vacances à moto ... la liberté en somme. Et puis, de nouveaux modèles apparaissent, on revend, on rachète, on se plante, on rachète, etc ... C'est ainsi que j'ai eu l'occasion de voyager en 900 Bol d'or, en 750 CBF, en 500 CX, en 600 XLM, en K100, etc ... bref, des tranches de vie de motard plus ou moins longues, mais toujours avec le plaisir indescriptible de se sentir libre au guidon de toutes ces machines. Finalement, arrivent les responsabilités familiales, les contraintes du boulot et je me laisse tenter par un Pan European d'occase de 9 700 kms, que j'ai acheté chez Outsider à Coignières il y a un bon paquet d'années. Un V4 bien sûr, même s'il est bien différent du VFR. Mon Pan est aujourd'hui en fin de vie, à presque 245 000 kms. Tout est d'origine, l'embrayage, les disques, les étriers, l'amorto arrière, etc ... mais il me faut bien admettre que la route commence à lui peser. Je suis désormais sur le point de racheter une nouvelle monture, d'occasion, à un moment où je me rends compte que je suis passé complètement à côté d'une moto qui m'a fait rêver mais que je n'ai jamais eu la chance de m'offrir : la VFR ! la légende ! la mélodie inimitable de son V4 !... et pourtant, quand elle est sortie en 86, le concessionnaire Honda de Beauvais me l'avait prêtée 1 journée durant. Elle était magnifique en blanc nacré. J'avais retrouvé ce même sentiment que celui éprouvé dans mes toutes premières années : le roi du monde. Ce moteur était une véritable révolution. Sa musique identifiable parmi tous les autres moulins de l'époque, avait quelque chose d'envoûtant. Bref, j'avais vécu une journée extraordinaire, et je l'ai ramenée à son concessionnaire, sans avoir compris que j'avais eu une moto de légende entre les mains. Aujourd'hui, je veux réparer mon erreur. et je cherche à retrouver ces sensations exceptionnelles. Vous l'aurez bien sûr compris : je n'ai pas 20 ans, et ne suis pas systématiquement attiré par le dernier système électronique d'antipatinage, des machines de fous qui arrachent les bras sur les 4 premiers rapports. Non, vraiment, en me tournant vers la VFR, c'est un peu une manière de s'approprier un petit bout de l'histoire de la moto. C'est sentir un peu plus de consistance, un peu plus de profondeur, un peu plus de sens à ce qu'est la belle mécanique, à ce qu'est un concept de génie, à ce qu'est une idée lumineuse de motorisation. C'est aussi pour ça que je ne recherche pas un VTEC. Non, vraiment l'âme de la VFR s'arrête en 2001, avec l'ultime RC46 D. C'est donc ma quête du moment : Dénicher la Belle. Dénicher une VFR de 2001 pour vivre avec elle de longues virées inoubliables. Néanmoins, je suis bien conscient que j'ai mille choses à apprendre de vous tous, qui avez su comprendre que cette moto était incontournable. C'est pourquoi je me permets aujourd'hui de frapper à la porte de votre forum, humblement, prêt à écouter ceux qui savent, et pouvoir peut-être bientôt ne plus être en manque de VFR dès que j'aurais trouvé ma Belle.
Bonne route à tous !
Jlouis